Suor Angelica
New National Theatre Tokyo

Suor Angelica / L'Enfant et les Sortilèges

Puccini / Ravel
Diffusé le Disponible jusqu'au Enregistré le
Chanté en
italien
français
Sous-titres en
anglais
japonais
italien
français
allemand

Un double programme du partenaire d’OperaVision au pays du soleil levant : New National Theatre Tokyo.  Suor Angelica de Puccini traite de la puissance de l'amour d'une mère et de la dévastation causée par la perte d'un enfant. La deuxième partie de notre soirée vient balayer tout drame sentimental pour laisser place à un monde où les théières dansent le fox-trot avec des tasses chinoises, où les fauteuils font la cour aux chaises Louis XV, où les objets et les animaux unissent leurs forces contre un enfant méchant. C'est le monde de L'Enfant et les Sortilèges, la « fantaisie lyrique » de Ravel.

En un peu moins d'une heure, Suor Angelica de Puccini nous prouve que la musique peut susciter en nous les émotions les plus profondes. Lorsque les religieuses discutent de leurs désirs, Sœur Angélique prétend qu'elle n'a jamais désiré quoi que ce soit. C'est un mensonge, car chaque jour depuis son arrivée au couvent, elle se languit de son fils qui lui a été enlevé. Lorsque sa tante lui apprend que le petit garçon est mort il y a plusieurs années, le monde d'Angelica s'écroule. Créé à New York en 1918, l’opéra de Puccini Suor Angelica est l’œuvre d’un compositeur à l'aise dans la musique religieuse de ses ancêtres, mais aussi dans l'écriture d'une musique à forte tension dramatique - comme celle de la rencontre entre Sœur Angélique et sa tante implacable.

En 1914, le directeur de l'Opéra de Paris, Jacques Rouché, commande le livret de L'Enfant et les Sortilèges à Colette, qui l'écrit en 1916. Après de nombreux échanges entre Colette et Ravel, le projet se concrétise peu à peu, mais très lentement. Ce n'est qu'en 1924 que Ravel se lance véritablement dans la composition de l'œuvre, qu'il achève cinq jours seulement avant la première représentation de l’œuvre. Ce bijou musical finement orchestré témoigne du goût du compositeur pour l'humour, la poésie de l'enfance et les animaux - une affection qu'il partageait avec Colette, notamment pour les chats !

Deux opéras qui semblent provenir de deux mondes complètement différents. Comme le décrit le metteur en scène Jun Aguni, « ils ont cependant des points communs, en nous offrant des perspectives sur la nature humaine et nous poussent à nous interroger sur notre monde actuel. Interprétez-les comme vous le souhaitez, et passez un bon moment. »

DISTRIBUTION

Orchestre
Tokyo Philharmonic Orchestra
Chœurs
New National Theatre Chorus
Chœur des enfants
Setagaya Junior Chorus
...
Direction musicale
Ryusuke Numajiri
Mise en scène
Jun Aguni
Décors
Atsumi Yokota
Costumes
Emi Masuda
Lumières
Masao Oshima
Chorégraphie
Noriko Ito
Chef des Chœurs
Hirofumi Misawa
Chef du Chœur des enfants
Midori Kakee
...

Suor Angelica
 

Suor Angelica
Chiara Isotton
La zia principessa
Junko Saito
La badessa
Megumi Shiozaki
La suora zelatrice
Akiko Goke
La maestra delle novizie
Yuka Kobayashi
Suor Genovieffa
Maki Nakamura
Suor Osmina
Hare Ito
Suor Dolcina
Sachie Konno
La suora infermiera
Ryoko Suzuki
Prima cercatrice
Yoriko Maekawa
Seconda cercatrice
Mari Iwamoto
La novizia
Shihori Wada
Prima conversa
Nagisa Fukudome
Seconda conversa
Akiko Osakabe
...
Musique
Giacomo Puccini
Texte
Giovacchino Forzano
...

L’Enfant et les Sortilèges
 

L’Enfant
Chloé Briot
Maman
Junko Saito
Le Fauteuil / Un Arbre
Taiki Tanaka
La Bergère / Une Pastourelle / La Chouette / La Chauve-Souris
Mao Morita
L’Horloge Comtoise / Le Chat
Teppei Kono
La Tasse Chinoise / La Libellule
Shoko Sogo
Le Feu / La Princesse / Le Rossignol
Rie Miyake
Un Pâtre / La Chatte / L’Écureuil
Yuki Sugiyama
La Théière 'Wedgewood noir'
Takayuki Hamamatsu
Le Petit Vieillard / La Rainette
Hideyuki Aochi
...
Musique
Maurice Ravel
Texte
Colette
...

Vidéos

Trailer

Un avant-goût de Suor Angelica / L'Enfant et les Sortilèges

Un double programme avec Puccini et Ravel - la douleur d'une mère et la redécouverte de l’enfance.

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En coulisses

Introduction à Suor Angelica / L'Enfant et les Sortilèges

Une introduction à Suor Angelica et L'Enfant et les Sortilèges par le metteur en scène Jun Aguni, le chef d'orchestre Ryusuke Numajiri, les soprano Chiara Isotton et Chloé Briot qui nous emmènent dans les coulisses pour nous faire découvrir ce que ces deux opéras ont en commun.

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L’HISTOIRE

 

Suor Angelica
 

L'action se déroule dans un couvent près de Sienne. Suor Angelica a été bannie du couvent après avoir donné naissance à un enfant illégitime. Elle n'a pas vu sa famille depuis sept ans.

Les sœurs sortent de la chapelle, vaquant à leurs occupations quotidiennes. Sœur Genovieffa se réjouit que ce soit le premier des trois soirs de l'année où la lumière du soleil couchant frappe la fontaine, rendant son eau dorée.

Les religieuses commencent à parler de leurs désirs, mais Suor Angelica affirme ne pas en avoir. Cependant, les sœurs bavardent. Elles savent que le plus grand souhait d'Angelica est d'avoir des nouvelles de sa famille. Elles sont interrompues lorsque la sœur de l'infirmerie entre et demande à Angelica de l'aider avec un remède à base de plantes pour les piqûres de guêpes. Un grand carrosse est aperçu à l'extérieur et l'abbesse annonce la visite de la tante d'Angelica, la princesse.

Seule, la princesse explique que la sœur d'Angelica doit se marier et qu'Angelica doit signer un document par lequel elle renonce à son héritage. Angelica demande des nouvelles de son enfant, mais on lui répond froidement que le garçon est mort d'une fièvre deux ans plus tôt. Dévastée, Angelica signe le document. Sa tante s'en va.

Angelica regrette que son enfant soit mort sans sa mère à ses côtés (‘Senza mamma’) et décide de mettre fin à ses jours en buvant un poison qu'elle a concocté à partir des fleurs du jardin du couvent. Après l'avoir bu, elle se rend compte qu'elle a commis un péché mortel et qu'elle est condamnée à ne pas retrouver son fils. Elle implore la Vierge Marie de lui pardonner et, alors qu'elle meurt, un miracle produit une vision de son enfant, qui la salue depuis le ciel.
 

L'Enfant et les Sortilèges
 

Un enfant grommelle face à ses devoirs. Il est puni par sa mère qui lui donne du pain sec et du thé sans sucre. Il se défoule avec colère sur les animaux et les objets qui l'entourent : il renverse la théière et la tasse en porcelaine de la table, pique l'écureuil en cage avec la plume de son stylo, attise le feu, déchire ses livres et vandalise le papier peint. À sa grande surprise, sa chambre s'anime et les objets se révoltent contre lui : le fauteuil et la bergère se réjouissent d'être débarrassés de lui ; l'horloge pleure son balancier cassé ; la théière et la tasse de porcelaine dansent un fox-trot ; le feu s'élance vers lui. Les bergers sur le papier peint se lamentent de leur scène pastorale déchirée, une princesse surgit des pages du livre d'histoires mutilé, et un petit vieillard - Monsieur Arithmétique - le terrorise. Deux chats apparaissent et l'Enfant les suit dans le jardin. Il fait nuit.

L'Enfant est heureux d'entendre des insectes, des grenouilles et le hululement d'un hibou, mais un arbre gémit, saignant de la sève du coup de couteau que l'Enfant lui a infligé plus tôt dans la journée. Les animaux l'évitent et, dans son désespoir, il appelle sa mère (« Maman ! »). Désireux de se venger, ils se jettent sur l'Enfant. Au cours de la bagarre, un écureuil se blesse. L'Enfant lui panse la patte et s'effondre. Témoins de cet acte de bonté, les animaux s'émeuvent et le ramènent à la maison. Une lumière s'allume et les animaux se retirent tandis que l'Enfant, tendant les bras, appelle « Maman ».

EN PROFONDEUR

Note du directeur

par Jun Aguni
 

Mon intention est de présenter Suor Angelica de Puccini et L'Enfant et les Sortilèges de Ravel comme deux pièces indépendantes, chacune avec son propre décor. En tant que metteur en scène, je présenterai deux histoires dans deux mondes différents, chacun ayant sa propre fin.

À première vue, le monde de Suor Angelica est particulier. Vues de l'extérieur, les religieuses forment un groupe sans visage. Elles sont habillées de la même façon et vivent dans l'espace clos d'un couvent. En tant que servantes de Dieu, les religieuses n'ont pas le droit d'avoir des désirs. En fait, la première moitié de l'opéra dépeint le mode de vie soumis aux règles et l'écoulement particulier du temps dans cet espace clos. Comme on enlève les pétales d’une fleur, Puccini et le librettiste Forzano illustrent le passé de chacune des nonnes. Chaque nonne a ses émotions et ses espoirs. Elles ne sont pas, loin de là, un groupe sans visage. À travers les espoirs modestes que les religieuses se confient mutuellement, l'individualité de chacune d'entre elles émerge. On découvre qu'Angelica, qui semblait la plus irréprochable de toutes, nourrit l'espérance la plus « pécheresse ». Elle vit depuis 7 ans au couvent en s'accrochant à l'espoir de revoir son fils qui lui a été enlevé à la naissance.

Il n'y a pas de personnages masculins dans cet opéra. La personne qui rend visite à Angelica pour lui annoncer le décès de son fils est une femme, une princesse. Ce personnage aurait pu être un homme, mais il se peut que l'on en ait fait une femme intentionnellement. L'attitude de la princesse envers sa nièce Angelica est froide en apparence. Mais s'agit-il simplement d'une personne au cœur de pierre ? La scène de la visite nous donne un aperçu de ce que fut sa vie. Angelica est enfermée dans l'espace du couvent. Après la mort des parents d'Angelica, la princesse se voit confier la garde de ses deux nièces. Dans la société patriarcale de l'époque, la princesse est comme prise au piège d'une société qui l'oblige à refouler ses émotions pour assumer ses responsabilités d’aristocrate.

Ce qui se passe au moment de la mort d'Angelica peut-il être un miracle que le public partage ? Est-ce quelque chose qu'elle seule peut voir ? Si au moins Angelica a pu éprouver le salut au moment de sa mort, cela peut être considéré comme un miracle en soi. Espérons qu'elle souriait au moment de mourir. C'est la fin que je veux présenter.

D'autre part, le personnage principal de L'Enfant et les Sortilèges est un enfant de 6 ou 7 ans. Cela me rappelle le conte italien Pinocchio. Un enfant ne peut pas vivre selon ses propres désirs pour la simple raison qu'il est un enfant. L'appel furieux de l'enfant à la liberté s’exprime par un comportement violent. Qu'est-ce que la liberté et dans quelle mesure est-elle autorisée ? Par son expérience dans le monde des sortilèges, l'enfant est parfois blessé, il apprend que les actions ont des conséquences et que ses actions peuvent causer des tragédies dans des mesures qui dépassent son imagination.

Si un enfant commet une erreur, il peut recommencer. Qu'en est-il d'un adulte ? Qu'en est-il de nous ? Que se passe-t-il si l'on grandit avec une vision étroite des choses et que l'on blesse quelqu'un inconsciemment ? Que pourrions-nous faire lorsque nous nous rendons compte que nous avons blessé quelqu'un ? Les êtres humains vivent inévitablement en relation avec les autres. Nous ne pourrons pas survivre si nous continuons à blesser la nature.

Le monde particulier qui se matérialise devant l'enfant nous fait réfléchir. Par exemple, la tasse parle une langue qui ressemble au chinois ou au japonais, comme si elle exprimait des différences de culture et de valeurs. Les bergers déchirés semblent être des réfugiés à qui l'on a volé leur maison. L'enfant poursuivi par le temps et les chiffres ressemble à l'homme moderne. Ceux qui ont été assassinés ont des proches qui pleurent leur perte. Ceux qui ont été incarcérés et privés de leur liberté pour des raisons irrationnelles exposent leur chagrin et leur colère. La nature a été détruite. Ces éléments condamnent et attaquent l'enfant. Des foules excitées attaquent quelqu'un au nom de la justice et oublient peu à peu leur cause et se blessent mutuellement. Si nous sommes blessés et que nous voyons une personne plus vulnérable que nous être blessée sous nos yeux, tendons-nous une main secourable comme le fait l'enfant ?

Je crois que les humains sont dotés de bonne volonté et de conscience. Lorsque l'enfant tente d'aider le petit écureuil et qu'il se rend compte de son impuissance, le premier mot qui lui vient est « maman ». Une mère est la source de la vie. Dans cet opéra de Ravel, la mère n'apparaît ni au début, ni à la fin.

L'enfant grandit probablement en commettant erreur sur erreur, encore et encore. L'opéra ne raconte pas ce qui est arrivé à l'enfant, quel genre de vie il a mené, mais il a probablement grandi. Il est devenu adulte et est allé voir sa mère, l’origine de sa propre vie.

À première vue, ces deux opéras semblent appartenir à deux mondes complètement différents. Ils ont cependant des points communs, en nous offrant des perspectives sur la nature humaine et nous poussent à nous interroger sur notre monde actuel. Interprétez-les comme vous le souhaitez, et passez un bon moment.