Masque of Might - Opera North, 2023, Harry Bicket, Sir David Pountney
Opera North

Masque of Might

Purcell
Diffusé le Disponible jusqu'au Enregistré le
Chanté en
anglais
Sous-titres en
anglais

Diktat, un dirigeant tyrannique, provoque le chaos sur la planète. Un groupe de héros improbables se forme et lance une bataille aux proportions bibliques… Mais un monde dévasté peut-il guérir à temps ?

Masque of Might est la création mondiale d'un nouvel opéra satirique et plein d'esprit, dans lequel Sir David Pountney assemble habilement la musique d'Henry Purcell pour créer un conte fantastique et résolument moderne sur le pouvoir, la corruption et la crise climatique. Henry Purcell est sans doute le meilleur compositeur anglais de musique pour la scène avant Benjamin Britten, et pourtant, il n'a écrit qu'un seul opéra - Didon et Énée. Bien qu'il s'agisse incontestablement d'un chef-d'œuvre, la plus grande partie de la musique dramatique de Purcell se trouve dans les « semi-opéras », les masques et autres divertissements populaires à son époque, tels que The Fairy QueenMasque of Might présente les plus belles musiques de Purcell, ainsi que des œuvres rarement entendues, notamment l'envoûtant « O let me weep » de The Fairy Queen, le virtuose « Arise ye subterranean winds » de The Tempest et le chœur épique « Soul of the world » de l'Ode for St Cecilia's Day. Harry Bicket dirige le chœur et l'orchestre d'Opera North.

Distribution

Nebulous / Activist / Wolf
Andri Björn Róbertsson
Elena / Witch
Anna Dennis
Tousel Blond / Fox
James Laing
Strumpet Ginger
James Hall
Diktat
Callum Thorpe
Scrofulous / Toady / Seer / Saul
Xavier Hetherington
Sceptic / Samuel
Matthew Brook
Danseurs
Jonny Aubrey-Bentley
Rose Ellen Lewis
Ruby Portus
Ben Yorke-Griffiths
Orchestre
Orchestra of Opera North
Chœurs
Chorus of Opera North
...
Musique
Henry Purcell
Musical numbers edited by
Huw Daniel
Texte
assembled and adapted by
David Pountney
Direction musicale
Harry Bicket
Mise en scène
David Pountney
Décors
Leslie Travers
Costumes
Marie-Jeanne Lecca
Lumières
Paule Constable
Ben Pickersgill
Conception vidéo
David Haneke
Chorégraphie
Denni Sayers
Chef des Chœurs
Anthony Kraus
...

Vidéos

Trailer

Un avant-goût de Masque of Might

Sir David Pountney crée un spectacle écologique avec la musique de Purcell.

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Extrait

In guilty night (Saul and the Witch of Endor)

Masque of Might est la création mondiale d'un nouvel opéra satirique et plein d'esprit, dans lequel Sir David Pountney assemble habilement la musique d'Henry Purcell pour créer un conte fantastique et résolument moderne. Dans cet extrait (« In guilty night » de « Saul and the Witch of Endor »), la voyante, le sceptique et Elena révèlent à Diktat une vision sous forme de pièce de théâtre, dans laquelle le roi Saul (le ténor Xavier Hetherington) rend visite à la sorcière d'Endor (la soprano Anna Dennis), qui lui prédit l'avenir, et apprend qu'il va perdre son royaume.

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L'histoire


Première partie

Une scène d'incantation magique. Deux êtres puissants, Nebulous (Le Nébuleux) et Elena, observent la planète Terre, où un terrible souverain, Diktat, est en train de naître. Ils invoquent dieux et esprits pour envelopper la terre de ténèbres. Sur terre, deux flagorneurs, Tousel Blond (Jouvenceau blond) et Ginger Strumpet (Catin rousse), honorent le nouveau souverain.

Le tyran Diktat passe en revue un défilé de prisonniers arrêtés pour avoir milité en faveur du climat. Nebulous et Scrofulous (Le Scrofuleux) s'approchent et conseillent à Diktat de ne pas ignorer les souffrances de la planète. Nebulous donne un compte rendu graphique de l'état de pollution de la terre. Furieux, Diktat les jette en prison.

Les prisonniers chantent leur désespoir et prient pour la fin de leur tourment, avant que Nebulous ne soit exécuté.  Elena se lamente sur sa mort.
 

Deuxième partie

Diktat tue un sanglier dans un ridicule exploit de machisme, et est acclamé comme un héros. Elena apparaît, toujours en deuil de Nebulous, et sous la contrainte rejoint Sceptic (Le Sceptique) pour flatter Diktat aux côtés de ses partisans.

Sceptic a persuadé Strumpet et Tousel de changer de camp. Ils déplorent le cercle de flatteries et de mensonges qui entoure Diktat et ses partisans. Sceptic et Activist (L’Activiste) se rencontrent pour conspirer. Sceptique appelle les vents à se lever, la terre à trembler et les forces de la nature à s'élever contre Diktat.

Diktat fait des cauchemars. Dans un état de confusion, il rencontre un Loup et un Renard, qui lui disent que les arbres implorent que les cris de la nature soient entendus. Diktat affirme que leur discours sur la catastrophe climatique est un canular. Sceptic, Activist et Elena invoquent les morts pour qu'ils se lèvent et entendent la chute des glaciers qui fondent et voient la terre trembler.

De plus en plus désespéré, Diktat cherche à connaître l'avenir. Il rencontre une voyante qui l'avertit que tous les peuples, même les rois, doivent se soumettre à leur destin. La voyante, le sceptique et Elena révèlent à Diktat une vision sous forme de pièce de théâtre, dans laquelle le roi Saul rend visite à la sorcière d'Endor, qui lui prédit l'avenir, et apprend qu'il va perdre son royaume.

Écrasé par cette vision, Diktat en appelle à la miséricorde de Dieu. Alors que son pouvoir disparaît, il est détruit et Elena se révèle être la Reine de la Nuit. La lumière revient et la terre commence à guérir.

EN PROFONDEUR

Derrière le Masque

Sir David Pountney


Purcell m'est apparu très tôt. En tant que choriste à St. John's Cambridge, « Jehova quam multi sunt » était l'un de mes favoris et nous étions ravis des soirées où George Guest faisait venir des joueurs d’instruments à cordes pour accompagner les hymnes de Purcell. C'étaient des occasions très spéciales. Et comme personne n’avait encore eu l’idée de m'inviter à mettre en scène Purcell, j'ai finalement réussi à m'engager moi-même pour mettre en scène The Fairy Queen à l'English National Opera. C’est aussi directement la genèse du « Masque » de ce soir.

The Fairy Queen ressemble aux autres masques ou divertissements théâtraux de Purcell, puisqu'il s'agit davantage d'un spectacle de variétés que d'un opéra. La danse, le spectacle et un mépris aléatoire pour la narration cohérente sont les caractéristiques de ces pièces charmantes et décousues, ce qui rend difficile pour un public moderne impatient de comprendre ce qu'il est en train de regarder. The Fairy Queen semble avoir un lien ténu avec la crédibilité dramatique grâce aux références shakespeariennes, mais ce lien n'est pas toujours respecté. À l'origine, la pièce comportait une grande quantité de texte très ennuyeux de Dryden. Face au choix entre un Dryden fastidieux et un mash-up de Shakespeare, j'ai décidé de faire The Fairy Queen sans aucun texte parlé et de laisser la juxtaposition bizarre de divers numéros de Purcell parler d’elle-même. Le résultat est surprenant.

Mais c'est un fait indéniable que la musique de Purcell, qu'elle soit drôle, colorée, solennelle, contemplative ou exubérante, est sublime face au chaos dramatique démentiel du format du « Masque ». Après ma représentation relativement convaincante de The Fairy Queen, je me suis demandé pourquoi ne pas créer un « nouveau » Masque de Purcell, en associant le vaste réservoir de musique qu'il a composé à une forme dramatique un peu plus cohérente. Il ne s'agit pas d'un opéra, mais toujours d'un masque, avec des danses, des divertissements et des cérémonies, mais avec une ligne narrative plus engageante. C'est à ce moment-là qu'une édition complète de toute la musique de Purcell a été mise en vente et que j’ai acheté les 40 volumes de cette édition !

Bien entendu, dans les années qui ont suivi, je n'ai jamais eu le temps d'effectuer le vaste travail nécessaire à la création de ce nouveau Masque - jusqu'à l’arrivée soudaine de la Covid-19. Mon cycle du Ring à Chicago a été interrompu deux semaines avant d'être achevé, mais je pouvais maintenant rester chez moi à Penarth et reconstituer un peu de Purcell. Chandos Records a été très généreux et m'a envoyé un ensemble complet de disques de Purcell, et c'est ainsi que j'ai commencé à travailler sur plus de 400 pistes.

Au départ, j'étais à la recherche d'un sujet, car j'ai abordé cet aspect du projet avec un esprit ouvert. Je pensais qu'il s'agirait d'une comédie, peut-être sur une certaine famille royale, qui pourrait refléter l'héritage carolingien de Purcell. Mais c'est alors que j'ai commencé, avec un étonnement total, à découvrir des textes d'une force apocalyptique si incroyable qu'il m'a semblé que Purcell avait déjà abordé la question de la catastrophe du changement climatique dans les années 1600 :

‘Beware O cursed land,
Which will not see the precipice where thou dost stand,
Though thou stand just upon the brink,
Thou of this poison’d bowl the bitter dregs shall drink.
The rotting corps shall so infect the aire;
Beget such Plagues, and putrid Venomes there,
That by thine own Dead shall be slain,
All thy few Living that remain.’

« Prends garde, terre maudite,
Qui ne veut pas voir l’abîme où tu te tiens,
Bien que tu sois au bord du gouffre,
Tu boiras la lie amère de cette coupe empoisonnée.
Les cadavres pourris infecteront l'air ;
Ils y engendreront de tels fléaux, de tels venins putrides,
Que tes propres morts seront tués,
Par le peu de vivants qui restent. »

Ou encore ceci, comme exemple de modification minimale nécessaire pour adapter le texte à un thème plus contemporain :

‘Hark! From aloft the melting glacier (originally ‘frozen region’) falls
With noise so loud it deafs the ocean’s roar.
Alarmed, amazed, the clatt’ring shards (originally ‘orbs’) come down.’

« Écoutez bien ! Le glacier qui fond (à l'origine "région gelée") tombe
En faisant un bruit si fort qu'il couvre le rugissement de l'océan.
Effrayés, stupéfaits, les éclats (à l'origine des "orbes") tintinnabulent en tombant. »

J'avais donc clairement trouvé mon sujet, ou devrais-je dire plutôt que mon sujet m'avait trouvé. Il était facile d'imaginer un souverain maléfique et climato-sceptique. Il s'appelait initialement Tounipe (Tunip), que les amateurs de mots croisés identifieront instantanément comme un anagramme de Poutine (Putin). Mais en cours de route, Poutine a cessé d'être un sujet de comédie, et le souverain maléfique est devenu Diktat, et sa némésis, un puissant esprit féminin appelé Elena. Il était alors facile de créer un groupe de personnages secondaires, sceptiques ou flagorneurs, qui tour à tour soutenaient ou conspiraient contre le souverain, lequel serait finalement chassé dans un flamboiement de gloire purcellienne. Il s'agissait déjà d'une trame narrative suffisante pour un Masque.

Il ne restait « plus qu'à » sélectionner les numéros musicaux, ce qui n'était difficile que dans le sens où j’avais l'embarras du choix, d'autant plus que j'ai étendu ma recherche à l'ensemble de la production purcellienne, y compris la musique sacrée. J'ai inclus quelques morceaux célèbres pour aider le public à se sentir à l'aise, comme « Plaint » de The Fairy Queen ou l'exubérant « Sound the trumpet », mais je souhaitais surtout présenter de la musique que l'on n'entend pas habituellement, et il y en a une quantité prodigieuse. L'important, c'est qu'en plus d'atteindre un bon équilibre entre rapide / lent / comique / sérieux / voix haute /voix basse et d'inclure des possibilités de danse, la sélection suivait assidûment le principe du collage - créant une narration par la loi de la juxtaposition loufoque. Et puis, bien sûr, j'ai dû réduire le nombre de chanteurs nécessaires. J'ai eu la chance d’être accompagné par Harry Bickett qui s’est assuré que je ne commettais pas d'erreurs musicales. J'ai également modifié le texte ici et là, mais pas autant qu'on pourrait le croire. À vrai dire, la plupart des changements sont si minimes qu’il m’est désormais difficile de me rappeler quelles parties ont été modifiées et lesquelles sont originales. Par exemple, Elena chante un discours politique puissant vers la fin :

‘The earth trembled, and Heav’n’s clos’d eye
Was loath to see the glorious planet die.’

« La terre a tremblé, et l'œil fermé du ciel
N’était pas prêt à voir mourir la glorieuse planète. »

C'était à l'origine :

‘The earth trembled, and Heav’n’s clos’d eye
Was loth to see the Lord of Glory die.’

« La terre a tremblé, et l'œil fermé du ciel
N’était pas prêt à voir mourir le Seigneur de la Gloire. »

Dans quelques rares cas, j'ai réécrit le texte d'un numéro entier. Diktat, par exemple, se voit attribué un air de « climato-sceptique » qui n'est pas du tout proche de l'original :

‘This talk of doom is all a hoax,
The “climate” one of fashion’s jokes.
A hoax, a trick, a bare-faced lie,
False prophecies we stout defy.’

« Ce discours sur la fin n'est qu'un canular,
Le "climat" est une blague à la mode.
Un canular, une ruse, un mensonge éhonté,
Les fausses prophéties, nous les défions. »

Il s’agit d’un sujet extrêmement sérieux et important dans Masque of Might, et Purcell est incontestablement à la hauteur de l'événement avec une musique étonnamment sincère, pleine de ses harmonies chromatiques qui lui sont caractéristiques. Mais comme il s'agit d'un Masque, il est important de compenser cela par du charme, de l'esprit et de la gaieté, qui font partie intégrante de son style. J'espère sincèrement que nous pourrons offrir au public une soirée sérieuse et pleine d'entrain, et bien sûr un somptueux banquet de musique de Purcell encore peu entendue.